Préparer le voyage

Bien, je vais m'attaquer là à un point important de ce blog. Mais une fois encore, je tiens à rappeler que ce que je livre dans cette page n'est en aucun cas une méthode à généraliser, mais seulement le témoignage de comment je fais, avec toutes les imperfections (et même erreurs) susceptibles d'aller avec ...

Pour ceux qui seraient intéressés par une façon ultra-pragmatique d'aborder une randonnée, je ne saurais que vous conseiller l'article du CEETS (Centre d'Etude et d'Enseignement des Techniques de Survie) sur ce sujet.
A l'autre extrémité, je dirais qu'il y a aussi ceux qui ne se posent pas trop de questions, prennent un sac, fourrent tout ce qu'ils pensent être utile et nécessaire à l'intérieur et prennent la route, sans même savoir où ils dormiront le soir même. Certains en font un art de vivre... d'autres en sortent dégoutés à jamais de la randonnée !

Comme j'ai souvent pour principe (enfin, j'essaie du moins) d'éviter les extrêmes, ma façon de faire se situe à mi-chemin. Suffisamment organisée pour augmenter les chances de réussites (avec plaisir), mais aussi avec l'adaptabilité nécessaire pour qu'un imprévu ne vienne pas tout mettre par terre !


Étape 1. Choisir sa randonnée.

Pour ça, j'imagine que les moyens sont nombreux ! Pour moi, c'est avant tout une histoire de coups de coeur, apparus au détour d'un article, du chapitre d'un livre, d'un morceau de topo lu à la va-vite lors d'une promenade chez un libraire. Ça peut venir aussi d'une discussion avec un ami, un parent.
Pour la traversée des Pyrénées, j'ai simplement adhéré au projet de mon père, facile !

Ce qui importe surtout, c'est de rester réaliste. Bien trop nombreux sont ceux qui à force de rêver d'itinéraires exotiques finissent par ne jamais rien réaliser. Il en faut des rêves lointains (je suis bien placé pour juger, le Pacific Crest Trail et le tour du monde en bateau figurant en bonne place dans ma liste ; ma trop faible implication en escalade m'ayant déjà résolue à barrer l'ascension du Nose à Yosemite...), mais c'est bien aussi d'avoir parfois des idées un peu plus simples.
J'ai la chance de vivre en France, un pays aux paysages variés, offrant une pléiade d'itinéraires originaux tout en préservant l'environnement (pas d'avion, non merci !) et le porte-monnaie !

Enfin, il faut s'assurer que son projet soit faisable, économiquement, socialement, professionnellement et physiquement.
- Economiquement, randonner dans son pays limite déjà les frais de déplacement ! Ensuite, le choix du bivouac vient aussi réduire ceux d'hébergement. Inutile de dire que l'idée d'un guide ne me vient même pas à l'esprit (je n'ai absolument rien contre, je suis tout à fait d'accord pour reconnaître qu'il apporte vraisemblablement un bagage culturel intéressant), trop cher et puis j'aime mon autonomie, du choix de l'itinéraire au timing de sa réalisation, avec les prises de décision qui l'accompagnent.
 - Socialement, c'est tout de suite plus compliqué. Partir loin de sa famille n'est jamais simple. Laisser femme et enfants à la maison entraine souvent un amer sentiment d'égoïsme... La solution : ne pas partir trop longtemps. La traversée des Pyrénées via le GR 10 se fait habituellement en une cinquantaine de jours : nous la partagerons donc en 4 tronçons d'une quinzaines de jours chacun, transport compris.
- Professionnellement : vive les jours de congé ! Je ne vous ai peut-être pas dit, mais mon employeur s'appelle l'Education Nationale...
- Physiquement : c'est sans doute un point où le réalisme est crucial. D'une part parce que bien souvent, afin de ne pas vivre sa randonnée comme un échec, la première des envie est d'en venir au bout ; d'autre part parce que le choix d'un itinéraire inadapté peut vite devenir galère, voire dangereux dans certains cas, souvent lors d'une détérioration des conditions météorologiques. Il est important de se connaître, d'accepter ses faiblesses, de savoir comment y palier, d'ANTICIPER. Pour notre part, la réalisation du Prologue il y a trois ans déjà nous a fourni de nombreuses pistes dont nous allons essayer de tenir compte. La première étant l'impact énorme du poids du sac à dos dans les performances du marcheur.




Étape 2. Définir le "style" de sa randonnée.


Bien, maintenant on sait "à peu près" où on va. Pour nous, il va s'agir de traverser la chaîne pyrénéenne d'est en ouest. Ca c'est fait !
Mais les façons de le faire sont variées. De nombreux choix s'imposent.

- Avec qui ? Partir seul, pourquoi pas, mais tout le monde vous taxera alors d'imprudent. Et d'ailleurs, en êtes-vous réellement capable ? Qu'avez-vous fait dans ce sens auparavant ?
Partir à plusieurs, c'est mieux vous dira votre chère mère ;-)  Mais les membres du groupe sont-ils en adéquation avec les critères du choix de la randonnée ? Et puis, sur le long terme, c'est qu'il va falloir se supporter... A plusieurs, on pourra réfléchir à mettre en commun une partie du matériel et ainsi s'alléger (à ne pas faire n'importe comment toutefois !)


- Comment dormir ? Refuge ou bivouac ? Un peu des deux peut-être ?
La question mérite d'être posée, et même sérieusement pesée, car l'impact que la réponse aura sur le poids de votre sac à dos est loin d'être négligeable, dépassant le simple critère "philosophico esthétique" de votre escapade...
Là encore, le vécu prime. Peut-être ne vaut-il mieux pas se lancer dans une grande traversée en bivouac sans même avoir essayé au moins une fois... Et puis quel type d'abri choisir ? Tente ou tarp ? Juste un sursac peut-être ? Là encore il faut bien être conscient de tout ce que cela sous-entend, et des limites de l'utilisation que l'on est capable de faire de son matériel (limite qui dépend de l'expérience de chacun). Là encore il ne faut pas brûler les étapes et il est certainement plus prudent d'essayer son système de couchage lors de randonnées d'abord courtes, puis de plus en plus longues, sans fuir les conditions météorologiques peu clémentes qui sont justement celles qui vous montreront les limites de vos choix... N'oubliez pas non plus que les nuits sont fraîches en dehors des refuges, ce qui nécessite un équipement thermique plus conséquent que pour ceux qui dorment sous un toit.
Dans le cas des refuges, pensez à réserver pour éviter les mauvaises surprises(ce qui implique une planification un peu précise de votre itinéraire).

- Comment manger ? Autonomie de quelques jours, repas en refuge ? Outre le poids du sac et l'allègement de vos finance, n'oubliez pas qu'il n'y a pas des refuges partout, et qu'ils sont aussi parfois fermés... Les lieux de ravitaillement seront aussi à prévoir en cas d'autonomie (et tenir compte également des heures/jours d'ouverture). Et trouverez-vous votre bonheur dans cette petite épicerie de village ???

Bon, pour nous ce sera à deux, en autonomie totale s'il vous plait ! Cela va nécessiter quelques adaptions pour Panpi, mais il n'y a pas l'air opposé, malgré le regard inquiet qu'il a lancé sur la bâche sensée nous abriter pendant la nuit. C'est là qu'une période de test revêt toute son importance...





Étape 3. Définir l'itinéraire.


On va maintenant relier les résultats des étapes 1 et 2. On sait où on veut aller, avec qui, et comment y aller.

Bien, quels sont les itinéraires disponibles ? Pour traverser les Pyrénées, nous avons 3 principales routes : le GR10 (côté français), le GR11 (côté espagnol) et la HRP (entre les deux). Il convient d'étudier les caractéristiques de chaque itinéraire, ses difficultés...
A l'heure actuelle, nous n'avons encore pas véritablement choisi, si ce n'est que si choix il y a, il se fera entre GR10 (itinéraire initialement prévu par Panpi) et la HRP (et son côté plus sauvage et moins emprunté).

Comment s'en sortir ??? Eh bien soit en tranchant, soit en se laissant des options.
Le choix est important car une fois sur place, rien n'est plus mal aisé que d'improviser. Mieux vaut définir à l'avance quelles variantes sont possibles, dans quelles conditions, et avec quel impact sur la question de l'hébergement et de la nourriture.

Nous en sommes donc là, avec un itinéraire principal et ses variantes.
C'est là que la carte intervient. Et les logiciels de cartographie ! (même si on peut s'en passer évidemment)
Sur la carte on repérera :
- le tracé principal
- les variantes
- les refuges, abris
- les points d'eau, sources (on essaiera de se renseigner sur leur existence réelle...)
- les lieux de réapprovisionnement

C'est là qu'intervient la notion de "juste milieu" évoquée au début de cette page. Lorsqu'on randonne en autonomie, on peut théoriquement s'arrêter quand on veut. Mais certains endroits valent mieux que d'autres (parce qu'on y trouvera de l'eau, parce que cette crête sur laquelle on évolue ne sera plus sûre quand l'orage que l'on voit s'approcher nous atteindra...) Il est donc bon de savoir ce que l'on peut espérer trouver plus loin, ce qui peut aussi nous permettre de nous arrêter "à temps".
Donc sur ma carte (imprimée grâce à MapMaker) je note scrupuleusement tous les points listés ci-dessus. Après, ce sera notre forme physique, les aléas météorologiques et nos envies de découverte qui nous permettront de tracer notre propre route et de marquer nos haltes.

Néanmoins, vous avez sans doute remarqué l'existence d'une page "itinéraire prévu", non ? Eh bien cet itinéraire n'est pas nécessairement, vous l'aurez compris, celui que nous suivrons cet été. Il n'est qu'une base nous permettant de connaître les kilométrages, les dénivelés, ce qui permettra une estimation plus facile de ce qui nous attend (en terme de difficultés, de jours de marche).



Étape 4. Choisir son équipement.

Maintenant que l'on sait où on va et de quelle manière, va se poser la question de l'équipement (et peut-être aussi du rééquipement). Et c'est une question complexe, ce qui explique que pour un même itinéraire, on croisera des randonneurs équipés de façons très différentes !

La première chose va être de définir ce dont on a réellement besoin, en ce préoccupant de différents aspects :
- A quelle météo doit-on s'attendre ?
- Comment va-t-on dormir ?
- Comment va-t-on manger ?
Parce qu'en fait, outre rêver, randonner ce n'est jamais que marcher, manger, dormir (enfin, à la base ; libre à chacun de l'agrémenter à sa sauce !)


A quelle météo doit-on s'attendre ?
La météo aura une influence sur l'habillement et le matériel de bivouac. La pluie, le froid, la chaleur, sont des éléments à prendre en compte dans ses choix.
Pour s'informer, les topos donnent déjà quelques indications. Il est raisonnable de les compléter par des témoignages (via des récits sur le net), voire même de faire un petit tour sur le site de météofrance qui dispose de nombreuses stations d'observation dont les relevés sont consultables à cette adresse (bulletins climatiques)

Comment va-t-on dormir ?
C'est évident, mais une randonnée avec nuits en refuge ne demande pas le même équipement qu'une rando avec bivouacs. Outre l'abri (tente ou autre), il faut prévoir matelas et sac de couchage... Eventuellement un petit nécessaire de réparation pour les randonnées au long cours, que ce soit pour l'abri ou le matelas si celui-ci est gonflable. En cas de risque de "nuisibles" (moustiques et autres), la moustiquaire ne sera pas du luxe...

Comment va-t-on manger ?
Là encore, tout est possible. De pas grand chose si les repas sont pris en refuge ou dans les villages, à un ensemble réchaud plus popote et couverts (voire un bol) en cas d'autonomie.
Dans tous les cas il convient de réfléchir à ses besoins en terme d'apport calorique quotidien, et de tester ses menus si on choisit de faire soi-même sa tambouille ! Vous trouverez de nombreuses idées sur le wiki cuisine de randonner-léger.

La diversité des produits est hallucinante, et on a vite fait de s'y perdre. Plus grave encore, il convient vraiment de s'en tenir à l'essentiel, le poids du "confort" superflu pouvant augmenter rapidement si on n'y prend pas garde...
Difficile de prédéfinir une liste qui conviendrait à tous les cas de figure. A chacun de prendre le temps d'y réfléchir un peu.

Dans tous les cas, n'oubliez jamais que du matériel neuf doit TOUJOURS être testé avant d'être utilisé en pleine nature. Ce n'est pas lors de la première soirée, avec la pluie qui menace, qu'il faudra découvrir la notice de montage de votre toute nouvelle tente...
Dans la page "liste d'équipement", vous trouverez le détail de nos choix avec leur justification. Mais une liste est toujours personnelle et doit se "construire" avec l'expérience. Attention de ne pas sauter les étapes !